In Vivo : Extrait Journal "Le Temps" 29 janvier 2008
29/1/2008 9:00:00 (5894 lectures)
Anecova développe un dispositif qui révolutionne la fécondation in vitro
MEDECINE. La technologie de la start-up lausannoise permet à l'embryon d'être en contact avec l'environnement maternel dès le premier jour de la fécondation. Les capacités d'implantation sont ainsi accrues...
...Etre élu «pionnier technologique» par le World Economic Forum (WEF) relève de l'exploit. Chaque année, le WEF en choisit une quarantaine dans le monde. Lors des années précédentes, Google, Business Objects ou Napster
avaient été distinguées. Deux sociétés romandes ont été retenues cette année. Il s'agit d'Innovative Silicon et Anecova, fondée par Martin Velasco, un «business angel», et Pascal Mock, un spécialiste en médecine de la reproduction. La troisième société suisse est à Bâle: Mondobiotech, active dans le traitement des maladies
pulmonaires. Basée au Parc scientifique d'Ecublens avec des laboratoires à Epalinges, Anecova a développé un dispositif permettant de féconder et développer des embryons in vivo. Un procédé unique. Lors d'une procréation médicalement assistée, un ovule imprégné par un spermatozoïde est mis pendant trois à cinq jours dans un incubateur. Puis, le médecin évalue les embryons et en réimplante un, deux ou trois dans l'utérus de la patiente.
Selon la technologie développée par Anecova, l'ovule imprégné est mis dans un dispositif de 10 millimètres de long pour 1 millimètre de diamètre. Celui-ci est placé immédiatement dans l'utérus. Muni de centaines d'ouvertures, de quelques dizaines de microns, il permet à l'embryon d'être en contact avec l'environnement maternel dès le premier jour de la fécondation. «Ce dispositif remplace l'éprouvette», explique Pascal Mock.
Après trois jours, le dispositif est retiré de l'utérus et les embryons sont évalués. Ceux présentant les meilleures qualités embryonnaires sont alors réimplantés. «Nous avons constaté qu'ils se développaient mieux que ceux issus des traditionnelles fécondations in vitro. En outre, ils présentent moins d'anomalies chromosomiques. Les capacités d'implantation sont alors accrues», souligne Pascal Mock. Et le premier bébé «Anecova» a récemment vu le jour. Il s'appelle Gabriel.
Avant de dévoiler plus en détail ses premiers résultats, la start-up attend une publication scientifique présentant une étude multicentrique, réalisée en Belgique et en Espagne. «Les fécondations in vitro traditionnelles rencontrent un taux de succès de 20% chez les femmes de plus de 40 ans et de 55% chez celles de 36-37 ans.
Toutefois, ces grossesses n'arrivent pas toutes à terme, explique Pascal Mock. Avec des embryons de meilleure qualité, nous espérons diminuer le nombre de fausses couches.»
Considéré comme le «leading business angel» européen par le Wall Street Journal et l'un des leaders du changement en Europe par Business Week , Martin Velasco s'est associé à Pascal Mock. Cofondateur notamment de Speedlingua et Sumerian, président d'AC Immune, Martin Velasco est président et CEO d'Anecova.
La société, fondée en 2004, bénéficie du soutien de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), notamment du savoir-faire en matière d'encapsulation du laboratoire de son président Patrick Aebischer. «A terme, nous souhaitons créer avec l'EPFL un pôle de recherche spécialisé dans les techniques de procréation assistée.»
Anecova a obtenu le marquage CE lui permettant de commercialiser son produit en Europe. Les ventes vont démarrer d'ici à la fin de l'année. «J'attends les résultats de l'étude clinique avant de proposer ce dispositif à mes patientes», note Pascal Mock. La commercialisation sur le marché américain devrait démarrer fin 2009. «10% des bénéfices iront à la future Fondation Anecova qui appuiera des projets de recherche dans la procréation médicalement assistée», mentionne Martin Velasco.
Anecova compte actuellement dix collaborateurs. D'ici deux à trois ans, une quarantaine de personnes devraient rejoindre la société. «Est-ce que nous parviendrons à prendre 5% ou 80% du marché? C'est encore trop tôt pour y répondre, souligne prudemment Martin Velasco. Dans tous les cas, le marché de la procréation médicalement assistée est prometteur.» Selon Anecova, l'infertilité affecte aujourd'hui un couple sur dix, soit plus de 80 millions de personnes à travers le monde. En Europe, on compte 300 000 cycles de fécondations in vitro par an, 200 000 aux Etats-Unis et 150 000 dans le reste du monde. Et les chiffres sont en constante augmentation.
La start-up souhaite voler de ses propres ailes, d'autant plus que la force de vente pour commercialiser son procédé n'est pas gigantesque. En effet, en général, 30% des cliniques spécialisées en médecine de la reproduction représentent 70% du marché visé.
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